Un prénom est revenu sans cesse, dans la vague de protestation qui a bouleversé récemment le quotidien des citoyens iraniens, celui de Mahsa. Mahsa Amini, une jeune femme de 22 ans,
assassinée lors de son arrestation par la police des mœurs; Son “crime” ? Ne pas avoir porté son voile correctement. La mort de Mahsa a provoqué la colère de beaucoup de gens en Iran, en particulier les femmes, qui se considèrent oppressées et privées de leur liberté. Malgré la forte répression des forces de l’ordre, le combat de ces femmes continue.
Le quotidien des femmes iraniennes
Pour comprendre ce qu’est le contexte de vie d’une iranienne, il est important de faire un petit tour dans le passé.
Il faut croire que la place de la femme, au sein de toute société confondue, a bien évolué. Dans la mythologie perse, la femme est perçue comme étant la source de vie, et cela à travers la déesse appelée : “Anahita” qui a l’apparence d’une belle et grande femme. Celle-ci symbolise : les eaux, la pluie, la fertilité, l’union, l’amour et la maternité. Les croyances perses supposent que l’homme et la femme sont créés au même moment et qu’ils sont tous deux responsables du péché originel.
Cette condition change au fur et à mesure durant la période médiévale, autrement dit la période de la conquête islamique. Le rôle des femmes change considérablement : l’exercice du pouvoir est interdit par exemple. En même temps, beaucoup de poètes de l’époque, notamment : Ferdowsi, décrivent la femme perse comme étant : instruite, cultivée et respectable. Au cours du 19ème siècle, plusieurs personnalités féministes apparaissent, elles contestent le code vestimentaire imposé aux femmes et désirent l’émancipation.
C’est une révolution constitutionnelle au début du 20ème siècle qui marque un tournant dans la condition des femmes en Iran. En fait, grâce à ce mouvement, une porte s’ouvre sur les débats qui
concernent la place de la femme au sein de la société, les femmes obtiennent le droit à l’éducation et le droit d’éligibilité et de vote, elles ont également accès aux métiers juridiques, qui étaient réservés aux hommes auparavant, et certaines femmes sont même nommées au sein du gouvernement en tant que ministre (exemple : Farrokh-Rou Parsa ).
La situation n’a pas toujours été comme elle l’est aujourd’hui, mais alors, comment et pourquoi en sommes-nous. là aujourd’hui ?
Un événement marquant vient bouleverser le quotidien des femmes en Iran : la révolution iranienne de 1979, celle-ci transforme l’état impérial d’Iran en une république islamique. Dès lors, le nouveau régime fait tout afin que la femme reprenne un rôle d’infériorité, de sujet dans la société : elles sont de nouveau obligées de porter un Tchador, qui un voile recouvrant l’intégralité du corps, dans l’espace publique. Une police des mœurs est établie afin de s’assurer que les femmes portent bien leur voile, il n’y a pas de critères sur le port “correct” du voile, si ce n’est qu’un regard subjectif de cette police, sous peine d’emprisonnement ou encore d’une flagellation. Ainsi est le quotidien des femmes iraniennes qui subissent les lois rigides de la Charia.
La double peine des femmes iraniennes
Un premier supplice, une première peine et bien évidemment celle qui atteint ces femmes en premier : une atteinte à leur liberté, au droit d’être soi, de vivre simplement comme on l’entend sans devoir rendre compte aux hommes.
Il est une seconde peine, invisible qui les frappe plus violemment. C’est celle inhérente à leur condition de mère, de soeur, d’épouse. Les arrestations arbitraires concernent aussi leurs enfants, leurs frères, leurs maris. Mais cela ne s’arrête pas aux arrestations arbitraires, aux flagellations sur la place publique, il y a aussi les condamnations à mort. Oui, pendant que les femmes iraniennes se battaient pour leurs propres liberté, avec à leurs côtés des hommes sensibles à leurs causes.
La liberté des femmes, c’est un gage de liberté pour la société. J’ai arrêté de suivre ce sujet dans l’actualité (oui je suis faible parfois, il n’y a rien de pire que de se sentir impuissante, quand les médias ont partagé le message d’un jeune condamné à mort à ses parents :
“ Papa, je suis condamné à mort, ne le dis pas à Maman”
MEHDI KARAMI, condamné à mort pour avoir milité pour la liberté des femmes en iran
Cette phrase si émouvante n’est qu’un extrait de la douleur que peuvent subir les femmes iraniennes au cours du combat vers la sérénité et la liberté. Que Dieu leur vienne en aide.